Le bus arrive à mon arrêt, je prends mon sac, me coince les cheveux au dessous, comme d'habitude et prends ma boite à chaussure blanche dans la main. J'avance tant bien que mal dans l'étroit couloir du bus et passe enfin la porte. Je relève la tête pour voir le poteau de l'arrêt et l'esquive juste à temps. Le sol sous mes pieds glissent légèrement.
Il a neigé aujourd'hui, toute une partie de la journée. Une neige très fine, aussi fine que de la pluie, qu'une averse, mais qui s'agrippe au paysage. La sol est plus haut de 10cm là où la neige des jours précédent n'avait pas encore disparue mais ce trottoir étant bien fréquenté, un petit chemin a été dégagé. En fil indienne, toutes les personnes sorties du bus se dirigent vers la cité universitaire, nous empruntons tous ce même chemin, ce chemin de neige brune, de boue. Je regarde mes chaussures et trouve cela immonde, comment préfère-t-on marcher la dessus que sur la neige fraîche ? Au bout de la rue j'espère trouver, sur le reste du chemin, un trottoir qui n'aurait pas été dégagé. Sous mes mitaines, puis mes gants de laine fine noire, l'argile s'est durcie dans l'espace entre mes ongles et ma peau, en étirant mes mains j'ai l'impression que tout ça s'est soudé. J'arrive près de l'école, c'est l'heure de point, 16h, les enfants traversent la rue, certain joue avec la neige et un groupe de filles essaye, en se tenant les unes aux autres, de ne pas glisser. Je reste sur le trottoir de gauche, le chemin n'est pas dégagé, je souris en sentant sous mes pieds la neige craquer. Je pourrais aller sur le trottoir d'en face mais le chemin brun ne me tente pas, puis la neige c'est plus jolie et marcher dessus, dans l'instabilité qu'elle procure... C'est plus marrant !
Je finis par tourner à droite, j'arrive devant chez moi, j'ourdis un plan pour mon entrée dans l'appartement :
- ne pas chercher mes clés, avec la boite à chaussure dans mes bras, ce sera casse-gueule et j'ai peur de la serrer trop fort et de briser mes sculpture.
- regarder si la voiture est là.
- espérer que papa n'est pas aller faire sa marche maintenant.
- une fois à l'intérieur, poser ma boite sur le congélo dans la cuisine, retirer mon sac de mon dos, le poser dans l'entrée.
- enlever enfin mes chaussures, tout récupérer et tout balancer dans ma chambre.
Arrivée devant chez moi, quelqu'un vient de passer devant moi, la porte de l'entrée de l'immeuble se referme, je passe en la poussant légèrement et je monte les escaliers. Maman m'ouvre ensuite, je lui tends ma boite et retire mes bottes. Une fois bien ancrée dans la chaleur de l'appartement, je me précipite vers la boite à chaussure blanche et l'ouvre pour vérifier que ma sculpture ne soit pas cassé. Tout va.
Moral de l'histoire : ... 'Tain, c'est long à raconter 10minutes O_O