- Qu'est-ce que ça fait d’aimer quelqu'un qui est avec une autre ?
- Pourquoi tu demandes ça ?
- J’ai jamais connu cette situation, toi oui, je suis curieuse
- T’as de la curiosité mal placé quelque fois ! … Mais je vais te le dire quand même… que la personne sache ou non tes sentiments ça n’a pas grande importance je crois dans cette situation, car il est d’office établie qu'elle ne t’aime pas en retour. Ça… on s’y fait en quelque sorte, enfin on apprend à se contenter de ce que l’autre veut bien nous offrir et c'est vivable comme situation. Mais le pire c'est de se retrouver en face de l’autre enlaçant la personne que tu aimes. À ce moment là comme lors d’un premier baiser, le monde s’arrête mais pour une sensation opposée. Tu vois cette scène devant toi, t’as l’impression de tourner autour, de la voir sous tout les angles possible, t’as l’impression que toutes les caresses qu'ils échangent tu les sens sur ta peau, comme une brûlure à chaque mouvement de l’un d’eux, une caresse pour eux te semble l’enfer glacé sur ta peau et dans ton cœur. Toutes les parcelles de bonheurs que tu as pu tirer de l’autre, des regards, des gestes, des mots, tout te revient soudainement en mémoire, toutes ces petites choses qui t’avaient fait espérer. Tout danse autour de toi, la danse de la pure ironie car même quand tu as recueilli ces parcelles de bonheur tu savais que rien n’irait plus loin. Tout s’effondre dans le néant, tu te sens seule comme jamais avant, tu regarde cette personne que tu aimes, celle qui t’avais dit que tu comptais beaucoup pour elle et là t’as envie de lui crier que tu es là, que toi aussi tu comptes pour elle, que toi aussi tu as une place dans son cœur. Mais rien ne sort car jamais tu n’auras autant de place dans son cœur que l’autre, à ce moment là tu sais qu'eux deux ne voient plus rien d’autre que leur amour et tu en meurs quand enfin leurs lèvres se touchent… C'est ça aimer une personne qui en aime une autre… Pourquoi tu m’as demandé ça ?
- Sans doute parce que j’aime te torturer.
- …
- Et puis… Je t’ai eu facilement, je voulais savoir ce que j’aurai ressenti si t’avais pu l’avoir avant l’autre.
- …
- Tu crois qu'un jour tu m’aimeras ?
- …
- Tant pis.
- Sans doute.
- Quoi ?
- Je t’aimerais sans doute un jour, oui…
- Tu me le diras quand tu m’aimeras vraiment ?
- Non… Je te le susurrais doucement au creux de l’oreille… Je te prendrais dans mes bras, comme ça, tu te sentiras frémir car jamais je ne t’avais pris dans mes bras avec tant de douceur, je caresserais ton visage de ma main, de plaisir, tu fermeras les yeux comme maintenant, tu entrouvriras les lèvres sentant mon visage se rapprocher du tien, tu attendras un baiser et là, d’un geste doux je dégagerais ton oreille et en fermant les yeux je te le susurrais… Je t’aime…
- …
- Tu ouvriras les yeux alors que je déposerais mon front sur le tien, mes yeux fixant les tiens, je te sourirais comme ça… Quand cette scène se produira tu sauras que je t’aime.
- …
- Et là il faudra que tu m’embrasses.
- Tu crois ?
- Oui, parce que j’en ai envie
- Alors je suppose que je caresserais ta joue comme ça en approchant mes lèvres des tiennes pour te remercier de cet amour enfin partagé.

"Et peut-être qu'un jour, les Enfers seront mon Paradis"