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Ad Vitam

 

  - Et même s'il te le demandait ?
  - Oui, surtout s'il me le demandait d'ailleurs. S'il trompe sa copine avec moi, qu'est-ce qui me prouve que plus tard, moi, il ne me trompera pas.
  - Oui, c'est sûr.
  - Ce type, ce dont il aurait besoin c'est d'un peu de plomb dans la tête et surtout d'un bon coup de froid sous la ceinture !
La jeune femme se mit à rire timidement, elle n'était pas du genre à rire aux éclats mais Junko était déjà contente d'arriver à la faire sourire de temps à autre.
  - Junko ? La voix nasillarde de leur collègue de travaille résonna dans le couloir derrière elles.
  - Oui ? Répondit-elle.
  - Il y a du monde qui voudrait te voir. Junko  n'attendait personne pourtant, elle se demanda qui donc pouvait la demander.
  - Tu peux les faire passer derrière ? Je n'ai pas fini de ranger.
Elle entendit un léger "oui" suivit d'un déplacement, on aurait dit un troupeau, du monde avait-elle dit, mais combien de monde arrivait ? ! Elle reporta son attention sur les cartons empilés devant elle, elle avait fait venir ce monde dans l'arrière boutique parce qu'elle travaillait, alors autant s'y remettre. Aujourd'hui c'était une livraison d'objets baroques qu'elle avait elle-même dénichés au hasard d'une promenade, des objets plutôt fragile qu'il fallait manipuler avec soin ; son attention portée là-dessus elle avait totalement oublié ces gens qui arrivaient et n'entendit même pas tout les pas s'approcher d'elle. Les yeux fixés sur les deux verres qu'elle tenait en main, vérifiant s'ils étaient en bon état, elle n'entendit pas, non plus, ses deux collègues la prévenant qu'elles partaient à l'avant du magasin pour commencer à remplir les présentoirs avec la nouvelle collection. Une fois sa vérification terminée, elle se tourna pour déposer les deux verres sur l'étagère mais stoppa son mouvement. Cinq corps se présentaient devant elle, cinq hommes, où plutôt, jeunes hommes, trois blonds, un brun et le dernier aux cheveux rouges, leur couleur de cheveux, voilà tout ce qu'elle pouvait distinguer de leur tête car ils l'avaient tous baissé, les yeux fixés au sol. Elle ne dit mot, elle n'était pas surprise de les voir, elle ne doutait pas qu'ils viendraient, un jour. Elle les observa l'un après l'autre,  Jun avait encore éclairci ses cheveux, ça lui allait bien, elle savait qu'il aimait ça et ça rendait son image plus douce, Yuji avait son éternelle mèche devant son œil gauche, il avait un si beau regard, elle avait toujours trouvé ça dommage qu'il le cache, Sakito portait ses lunettes, c'était bien rare et il ne perdrait pas de son charme pour autant, Mitsuo, lui, avait l'air encore plus doux qu'avant quant à Satoru, Junko sentait que ça le démangeait, dans sa main droite il tenait déjà son briquet, son paquet de cigarettes ne devait pas être loin, cela la fit sourire intérieurement.
Ils relevèrent un peu la tête presque tous au même instant, le silence de la jeune femme avait du les surprendre, ils s'attendaient tous, plus ou moins, à se voir rejeter, à avoir la leçon de moral qu'ils méritaient, après tout, ils l'avaient abandonné dans un sens. Sur son visage ils ne distinguèrent pas ce qu'ils attendaient mais ne purent pas non plus se faire une idée de ce qu'elle pourrait dire par la suite. Le silence était pesant, aucun des cinq jeunes hommes ne savait quoi dire, si l'un d'eux se lançait, il devrait être le porte-parole des quatre autres et par la même, endurer seul les réponses de la jeune femme. Soudainement, elle se retourna et déposa dans le carton les deux verres qu'elle tenait toujours dans ses mains, offrant à la pièce le léger bruit du tissu de ses habits se froissant, remplissant alors le silence par la douceur provoqué par la lenteur de ses gestes. Elle s'avança, un pas, puis un second et la moitié d'un troisième, le tout faisant vibrer les cinq jeunes hommes qui avaient peur de sa réaction à leur visite. Celui aux cheveux rouges releva encore un peu plus la tête quand il sentit cette présence juste en face de lui, Junko avança sa main et effleura de son revers la joue de Mitsuo.
  - Tu as ajouté des piercing encore ? Lui demanda-t-elle alors dans un léger sourire et de la voix la plus douce qu'il lui connaissait. Il acquiesça de la tête, restant perplexe, il s'attendait à des reproches et elle posait cette simple question. Ça te va bien et cette couleur de cheveux te rend encore plus doux que tu ne l'es. Elle passa sa main une seconde fois sur sa joue et sourit plus grandement.
Elle avait fait le premier pas, c'était maintenant à eux de faire le deuxième, les quatre hommes s'envoyèrent des œillades pour savoir lequel allait prendre la parole et il ne fallut qu'une seconde pour que le plus petit de tous soit désigné à la majorité.
  - Junko… Avait-il à peine commencé que celle-ci se retourna vers lui et l'interrompu.
  - Non, Jun. Je sais pourquoi vous êtes là, à voir vos mines je sais aussi ce que vous voulez me dire, elle recula d'un pas afin de faire face aux cinq jeunes hommes en même temps, tous la regardaient avec une étincelle d'incompréhension, elle continua. Je ne veux pas entendre l'un de vous me dire qu'il est désolé, je ne veux pas entendre de "pardon", d'excuses, ou n'importe quelle autre façon détournée de présenter ses excuses. Elle fit une légère pause, son discours avait des mots durs mais sa voix fut douce et sur ses lèvres son sourire ne s'était pas effacé. Epargnez-moi cela, s'il vous plait, conclu-t-elle.
  - Tu crois pas qu'on te doit des excuses.
  - Non, vous ne me devez rien, et puis, même si je sais que tu en as une très forte envie, Satoru… Ici, on ne fume pas.
Le grand blond resta interloqué, puis un gloussement se fit entendre, Mitsuo fini par rire d'un rire franc, suivit d'un sourire de chacun, Satoru compris. Ils se souvinrent tous alors de cet humour propre à la jeune femme, surtout envers le blond, elle ne lui disait que rarement des phrases amicales mais dans toutes ses remarques elle mettait une telle bonté et ces petites pointes d'humour que même un reproche était prit avec le sourire par Satoru. Devant le sourire des cinq jeunes hommes, Junko ne put que rire, la pièce froide auparavant était emplie de cette douceur, de cette joie qui ne pouvait naître qu'avec eux. Le petit blond stoppa tout de même cette joie à peine naissante.
  - Pourquoi tu veux pas qu'on te présente des excuses ? On t'a fait du mal, tu ne peux pas le nier, puis depuis tout ce temps, on aurait pu venir beaucoup plus tôt. La femme s'approcha alors de Jun et déposa un rapide baiser sur sa joue.
  - Vous êtes là maintenant, non ? C'est l'essentiel, et puis… Elle approcha son visage du blond, faisant mine de ne s'adresser qu'à lui alors que tous l'écoutaient. J'avoue que je ne sais pas quoi répondre à des excuses, et comme je ne sais pas quoi répondre, je m'énerve et finalement, le froid s'amplifie… Elle se redressa et reprit. Plutôt que t'entendre vos excuses je préfère voir vos mines dépitées, ça me prouve que vous êtes vraiment désolé, et ça, ça vaut toutes les excuses du monde.
Elle regarda les cinq hommes avec un grand sourire avant d'être enlacer par Sakito puis par tous dans une accolade générale. Quatre ans qu'elle n'avait plus vu ces cinq jeunes hommes, quatre ans qu'elle attendait qu'ils reviennent, s'ils avaient su que dès le départ ils auraient eu droit au même accueil, ils seraient sans doute revenus plus tôt, mais ils avaient eut besoin de temps pour trouver le courage nécessaire à ces retrouvailles. De son côté, Junko avait gardé un œil sur eux, sur leur carrière, sur leurs vies, en ayant conservé cette même douceur à leur égard. Quatre ans qu'elle avait posé sur eux ce regard, ce même regard qu'elle avait eu depuis le début, celui d'une grande sœur.

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