[V]
Aile
C'était une amie, une simple bonne amie, une éternelle âme sœur mais seulement de passage. Mais peut-être est-ce là la fin de l'histoire, et peut-être faut-il reprendre au début.
Un jour, elle n'existait pas et dès le jour suivant elle avait pris l'une des plus grande place dans mon sourire. Je me souviens qu'avant elle je ne riais plus beaucoup, je me souviens qu'après elle, je ne riais plus de la même manière. Un soir, elle débarque dans ma vie remplie de larmes, elle me cajole, me caresse, me parle doucement et me sourie. Je me souviens de cette impression de douceur de nos premières conversations et de cette folie qui la faisait s'intéresser à moi, m'abreuver de questions, de compréhension et de cette étincelle en moi qu'elle avait fait renaître.
Oui, c'était une amie, elle le fut dès la première fois que nous nous étions parlées. Elle avait cette petite chose que je réclamais à mon être intérieur, une joie de vivre, une folie euphorique qui me manquait souvent. Elle me ressemblait aussi beaucoup alors au fond, elle me donnait l'espoir qu'un jour je lui ressemblerais, qu'un jour, moi aussi, j'aurais un petit bout de cette folie, une euphorie plus stagnante que passagère.
Je ne dirais pas pourquoi je parle d'elle au passé, je ne dirais pas à qui je m'adresse ni même qui je suis, je ne ferai que dire ce qu'il y a eut dans mon cœur et ce qui fut ma vérité.
Elle avait de longs cheveux fins, d'une couleur qui oscillait entre le châtain clair et le roux, elle avait des cheveux couleur d'automne et avait aimé quand je le lui avais dit, elle s'en était vanté par la suite avec ce sourire d'une enfant fière qui répète un compliment que sa maman lui aurait fait. Elle avait les yeux d'un bleu qui m'éblouissait mais elle ne les aimait pas trop car tout le monde remarquait ça en premier chez elle. Elle les disait vide mais quand elle me regardait j'y voyais toujours quelque chose qui me donnait le sourire. Elle avait les mains fines et délicates, pâles et douces et souvent dans les miennes. Elle n'était pas très grande et n'était pas filiforme, elle avait ses rondeurs qui me semblaient d'une beauté exquise. Elle avait une voix d'enfant le plus souvent, douce toujours mais froid aussi quelque fois. Elle avait de petites dents blanches qui me faisaient rire et un nez qui rebiquait légèrement. Elle était douce et c'était un supplice que de ne pas toucher sa peau pâle. Elle était belle à mes yeux.
Il me semble que de sa physionomie on en tirait ce que, de son caractère, elle montrait à tout le monde. Elle était douce et gentille, enfantine et maternelle à la fois, elle aimait rire et faire rire, elle aimait prendre dans ses bras et prendre la main, elle aimait donner des bisous et se racontait beaucoup. Elle n'était sérieuse que s'il le fallait avec ceux qu'elle ne connaissait pas bien, elle était sérieuse plus souvent avec ceux qu'elle connaissait mieux. Elle se cachait beaucoup.
De sa physionomie on en tirait tous ses bons côtés et elle était adorable, mais on cache beaucoup de chose et elle ne faisait que confirmer cette idée que ceux qui paraissent le plus joyeux sont souvent les plus tristes.
C'était une amie que j'aimais beaucoup, je ne la voyais pas souvent mais lui parlais tous les soirs. Oui, elle habitait loin, mais j'avais tant d'affection pour elle que ce ne fut jamais un bon prétexte pour l'oublier. Elle était constamment avec moi et quand enfin j'arrivais à la retrouver c'était comme si je me sentais entière. Oui, je l'aimais beaucoup.
Je l'avais appelé "âme sœur" et jamais je ne fus plus convaincue qu'elle ne l'était que quand elle me souriait. J'avais pour elle cette sorte de tendresse qui vous réchauffe autant à l'intérieur qu'à l'extérieur, qui vous fait croire que rien ne peut être plus beau, qui fait pâlir l'amour et rougir l'amitié. J'avais pour elle un sentiment qui se situait entre ces deux là, l'amour et l'amitié, qui prenait tout les bons points de chacun et oubliait les mauvais côtés. J'avais pour elle le plus beau des sentiments que je m'étais imaginé, celui que je recherchais depuis toute petite, un sentiment idéal qui n'a rien à envier à tout l'amour du monde. J'avais trouvé la personne idéale.
Je me souviens de la première fois que je la rencontrai, de son corps qui se pressa comme le mien pour me faire un de ses câlins dont elle avait le secret. Ses cheveux s'étaient placé juste là, sous mon nez et je les avais respirés. Encore maintenant je peux me sentir imprégner de cette odeur, de cette douceur s'en dégageant. Je me souviens que j'étais toujours timide envers elle, je lui parlais facilement mais je ne la touchais pas. J'avais toujours peur de mal faire, j'avais peur d'être trop brusque, de lui faire mal et quand sa main venait se loger dans la mienne, j'avais toujours peur de la lui brisé car elle me semblait si délicate. J'étais timide et j'avais peur qu'elle ne se mette à croire que je ne voulais pas de son contact alors que mon corps et mon âme le réclamait.
Je me souviens ne lui avoir jamais parlé yeux dans les yeux comme nous parlions tout les soirs, mais n'en avoir jamais ressenti le besoin, je savais d'elle tout ce que je devais savoir : elle était là. Elle s'émerveillait de beaucoup de choses, comme les enfants le font car ils sont pleins d'innocence, elle s'émerveillait pour regagner cette innocence. Et dans ses yeux d'enfant je regagnais la mienne aussi et m'ouvrais à toutes ces petites choses qu'elle trouvait magnifique même si elles étaient banales aux yeux de tous. Elle aimait mon regard posé sur elle quand elle se savait trop enfantine, elle aimait ce que j'étais plus que moi je ne le fis jamais, elle aimait le contact de nos mains et mes yeux qu'elle disait félins. Elle aimait ma manière d'être et celle que j'avais de m'exprimer. Mais je cachais moi aussi beaucoup de chose.
Je ne dirais rien de notre histoire, de toutes ces personnes qu'elle a touchée, je ne dirais pas combien de temps elle a duré ni si elle est vraiment terminée. Je ne dirais pas si c'était de l'amour ou de l'amitié ni ce qu'il en ait aujourd'hui. Je ne dirais que ça : il y avait de la tendresse autour de nous quand nous nous tenions la main, un paradis perdu et ses ailes m'entouraient, elle l'ange, moi, le déchu.
Elle s'appelait Claire. C'était une amie, une éternelle âme sœur de passage dans mon cœur.