Et me voilà encore dans ma cabine de douche, assise, laissant l'eau couler sur moi, inerte… Je pense à toi, tu sais.
Je me souviens d'une fois où je m'étais retrouvée comme ça, j'ai vu la forme de ton corps entrer dans la salle de bain et venir s'accroupir face à moi. Tu m'as dit "debout et avec du savon, ça marche mieux", il m'a fallut rassembler toutes mes forces pour lever la main et essuyer la buée sur la vitre et là, je t'ai vu, avec ce sourire si doux que tu avais souvent pour moi. Je n'avais plus la force de rien faire, même plus celle de me tenir debout, alors tu as remonté les manches de ta chemise, ouvert la cabine de douche et tu m'as lavé, toi-même, il a fallut ensuite que tu me portes jusqu'à ma chambre. Ce n'était pas la première fois que tu le faisais.
Ni la dernière.
C'est vrai, je me souviens que même la première fois, tu l'as fait calmement, sans être gêné, avec les gestes les plus doux qu'il soit. Je me souviens que tu passais tes nuits près de moi, quand le soir je me réveillais après avoir fait des cauchemars où je revivais ces instants horribles, cet homme sur moi, en moi, j'ouvrais les yeux et tu étais là, la main dans mes cheveux, t'étant endormi en me les caressant pour apaiser mon sommeil. Je me souviens de tout les détails de cette année que j'ai passé chez toi, toutes les larmes versées dans tes bras, tout ces sourires que tu as pu faire naître sur mes lèvres. Je me souviens de ta patience et de cette confiance que tu étais le seul à mériter à mes yeux… Je t'aimais, si tu savais comme je t'aimais.
Pourquoi être partie alors ? Pourquoi m'avoir quitté le jour même où je voyais naître un espoir pour toi et moi ?
Parce que j'avais peur.
Peur de quoi ?
De cet amour, de tout gâcher… D'être heureuse. Mais je le regrette, oh oui, je le regrette amèrement.
Pourquoi ne reviens-tu pas ?
Parce que ce jour là…
Le jour où tu t'es faite violer ?
Le jour où je t'ai quitté… Ce jour là, je suis morte.