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Onaji

 


Une gare, la seconde, non la troisième, ou peut-être même la quatrième, peu importe, c'est la dernière. Le temps ne passait plus dans ce train, j’étais bien, au fil des heures je me suis familiarisé avec les visages autours de moi, ils étaient devenus mes nouveaux amis sans le savoir, sans le vouloir. Je leur avais tous crée une vie, l’homme d’affaire qui trompait son épouse avec une femme peu scrupuleuse, la jeune fille, sourire aux lèvres, même quand elle dormait, ce qu'elle était triste sa vie, rien ne se passait comme elle le voulait, alors face à tout ça elle souriait, il ne lui restait que ça, et cette mère de famille, son fils était mort à l’armée. Quelle guerre ? Quel combat ? Sûrement pas un de ceux qu'un enfant de 18 ans était pret à donner, sûrement pas des idées qu'il voulait défendre. Un homme, seul, une trentaine d’année, il avait eu une enfance difficile qui avaient laissé sur ses mains des marques, celles de sa mère, abusive, possessive, qui ne laissait à son fils aucun autre droit que celui d’être son fils. Les yeux à demi clos, il cachait là sa tristesse, celle de l’avoir perdu cette mère abusive, la seule femme de sa vie.

Tous partaient maintenant, pas un regard, pas un geste, ils avaient partagé dix heures de leurs vies avec les autres et ils partaient tous maintenant comme le mari quitte sa maîtresse au petit matin, sans même se retourner, se demandant à peine s’il la reverra un jour. Je les regardais partir, tous suivaient pourtant la même directions, prirent le même escaliers, peu à peu leur tête disparaissaient, adieu vous tous. Derrière moi il y avait les rails, c'était le bout du quai, là d’où nous venions, au bout de ses rails, loin, très loin là-bas il y avait cette ville, celle que je quittais. Je regardais les rails, j’aurais aimé un jour voir cette gare d’un autre angle, voir l’envers du décor, voir les trains changer de voies, le service de nettoyage s’occuper d’un wagon, là-bas à l’écart de tout mouvement ferroviaire. Mais ce n’est pas là que je vais, je vais de l’autre côté, rentrer dans la foule, peut-être croiserai-je encore la mère de famille qui attend son mari et ses enfants dans le hall, ou le petit ami de la fille qui sourit tout le temps, peut-être verrai-je une larme couler sur ses pommettes roses, en cette seule larme je saurais que c'est toute sa tristesse qu'elle montre enfin. Et moi. Moi personne ne m’attend. je regarde pourtant ce quai en espérant voir un visage familier, oui, le sien peut-être… Le sien, celui que je ne connais pas encore, tu sais, toi, la personne si cher à mon cœur, j’aimerai que tu vienne ici, me chercher, m’ouvrire tes bras, m’accueillir ici, dans ma nouvelle vie. Mais tu ne viendras pas, car moi-même je ne sais pas où je suis, comment le pourrais-tu ? Dès que j’aurais fait un pas je serai lancer vers ma nouvelle vie. Où alors, je reprends ce train, il va encore plus loin, oui, aller encore plus loin, je n’y suis peut-être pas encore, je suis peut-être encore trop proche de vous. Vous… qui m’avez blessé, qui m’avez punis, et sans le savoir vous m’avez chassé. Maintenant vous devez me chercher, oui, peut-être même êtes-vous inquiet, que cela serait plaisant de vous savoir inquiet, oui, enfin j’aurai provoqué chez vous un sentiment autre que le mépris, le dégoût. Mais j’en doute, vous ne pouvez pas vous inquiéter pour moi car vous ne savez pas qui je suis.

J’avance, mon corps à répondu à un ordre que je ne lui avais pas donné, mais il avance, peut-être est-ce mieux ainsi, peut-être en cet endroit je trouverais la paix. Vous ne me poursuivrez pas car vous ne savez pas que je suis parti, le remarquerez-vous un jour ? Non, bien évidemment et je ne le veux pas car si je savais que vous me cherchiez je serais tenté de vous revenir. Je disparais à mon tour du quai, laissant là cette petite maison sur rail, celle qui m’a fait partir, en ne bougeant pas, loin de vous, de cette ville. Le reprendrai-je un jour ce monstre de fer pour vous revenir ?

Je descends les escaliers qui me mènent à un grand couloir et là au bout, une lumière qui aveugle, j’avance vers elle, dans le hall je vois l’homme d’affaire, il attend sûrement un collègue qui doit passé le prendre pour le ramener chez lui, dans la maison qu'il partage avec sa femme et ses deux filles, des jumelles. Quand il rentre chez lui elles lui sautent dessus en l’enlaçant, il est heureux de les voir, puis il voit derrière elles sa femme, son regard triste, elle sait, elle sait mais ne dit rien car les filles ont besoin de leur père.

Une chaleur me caresse soudainement, je suis dehors. Éblouie, je n’arrive pas à bien voir ce que j’ai devant moi, mes yeux se ferment pour se protéger et se rouvrent doucement pour s’accoutumer lentement. Une grande roue tourne face à moi, un petit chapiteau s’élève près d’elle, des maisonnettes se dressent autour d’eux. Une petite fêtes foraine se tient devant la gare, quel drôle d’endroit pour placer cela, sans doute la mairie n’avait-elle pas d’endroit plus grand, mais cela doit beaucoup gêner au stationnement des voitures.

Une ville, oui, ma nouvelle ville. Mon nouveau "chez moi". J’aurais été presque émue si ma palette d’émotion n’avait pas été brisé par vous. Je vois au loin des taxis et un peu plus près de moi un accès souterrain aux métro sûrement ou tramway, peu importe le nom, je prendrais cela pour je ne sais quelle direction. Je m’engouffre à nouveau dans une cage d’escalier sale, j’arrive à un autre grand hall, mais aucune porte ne mène à la lumière ici, je descends encore d’autre escalier et me retrouve face à d’autres rails, ceux-là ou d’autre, maintenant ça n’a plus d’importance. Un autre monstre de fer vient bientôt m’emporter, je m’y installe, près d’une fenêtre, les murs des tunnels défilent bien trop vite pour que je puisse bien les voir, mais tout les tunnels se ressemblent. Soudainement votre image m’apparaît, un moment j’ai cru que vous étiez là mais je ne me suis pas retourné car je sais que vous n’y êtes pas. Vous le saviez je crois, qu’un jour, loin de vous, je croirais vous voir, bien sûr que vous le saviez, mais saviez vous que ça serait moi ? Non, ça vous ne le saviez pas, car vous ne me connaissez pas. Bien sûr, vous devez vous dire que je suis stupide de croire vous voir, vous avez raison, car je ne sais pas à quoi vous ressemblez. Je souris, je vous vois d’ici à faire une drôle de tête, oui, je vous vois, je sais que vous en faites une drôle de tête. Je me trompe ? Non. Je le savais. Je vois le reflet de la femme assise en face de moi, elle sourit elle aussi. Vous voyez, elle aussi trouve que vous faites une drôle de tête. Nous rions de vous.

Nous sortons enfin des tunnels, je décide de sortir de ce monstre, son ventre m’a assez eu en lui, il est rassasié de mes pensées, je peux maintenant le quitter. L’air frais me caresse le visage, c'est un autre air, plus froid mais plus doux, il caresse, ne frappe pas comme celui de chez moi. Mon ancien chez moi, car c'est maintenant ici que je vis. Je marche, je marcherais jusqu'à ce que je trouve une fenêtre où sera mis un écriteau "à vendre" ou "à louer" et là je m’arrêterais, je noterais le numéro et je partirais chercher un téléphone, peu importe le prix, peu importe le nom de cette ville, peu importe les voisins, c'est ici que je serai maintenant. Loin de vous.

Vous qui me connaissez maintenant, vous qui m’avez chassé, punis, vous qui me méprisez, et vous qui, un jour peut-être, m’aimerez, vous qui ne vous êtes pas reconnus, qui avez marché à mes côtés, devant moi, qui m’avez croisé, qui avez pleuré, rit, un jour, pour quelqu'un, oui, vous. Peut-être un jour vous ressemblerai-je. Mais pour l’instant je ne fais que vous fuir. Vous fuir car vous me ressemblez trop. Un jour peut-être je ne vous fuirai plus. Un jour peut-être je ferai parti de cette vie, comme vous.

Mais pour l’instant je ne suis que la même…