Page blanche.
Un nouveau lycée, une nouvelle classe, de nouvelles personnes… encore.
Elle avait arrêté de compter les déménagements depuis plusieurs mois déjà, elle avait arrêté de regarder les noms des villes aussi, les hôtels, les membres de la famille, les amis de sa mère… Nulle part elle n’était chez elle, mais dans chaque villes, chaque quartier, elle avait toujours trouvé un endroit ; Celui où elle pouvait mettre son masque tous les jours.
Comment avait-il pu voir cela en si peu de temps ? Elle n’était arrivé que depuis le début de la journée et au repas de midi il la connaissait déjà mieux que personne.
Beaucoup d’élèves de sa classe s’étaient retrouvés pour manger, évidement ce n’était pas sans but, Shizuka se retrouva assaillit de toute sorte de questions, d’où elle venait, ce que faisaient ses parents, si elle avait des frères et sœurs… Elle inventa certaine de ses réponses, comme par exemple l’endroit d’où elle venait, car, comme les villes précédentes, elle n’en avait gardé que l’impression, toujours la même, qu'elle n’y était pas chez elle et la mémoire d’un paysage, elle s’inventa aussi un père, ne tarissant pas d’éloge sur celui-ci. Seule la sonnerie qui annonçait la fin de la pause la soulagea de toutes leurs questions, quelques filles et peu de garçons restèrent près d’elle, eux n’ayant pas encore cours. Shizuka profita de cette seconde pause, morale cette fois, pour écouter un peu de musique ; ses écouteurs sur les oreilles elle ferma les yeux et ne prêta plus attentions aux autres. Elle chantonnait sans que personne ne l’entende, inconsciemment elle avait rouvert les yeux exprimant dans ceux-ci toute la tristesse de la chanson… Ainsi que la sienne.
Elle ne l’avait pas vu arriver devant elle, il était certes discret mais quand elle tourna la tête et le vit elle se demanda comment elle n’avait pas pu le sentir si près d’elle, et une seconde plus tard elle était dans le flou total ! Sans dire mots il l’avait embrassé, un des baisers les plus doux qu'elle avait connu, non, pensa-t-elle, c'est LE baiser le plus doux qu'on m’ait donné, un baiser interminable… Tooru y donna fin pourtant, il posa son front sur celui de Shizuka.
- Tu t’appelles Shizuka, c'est ça ?
- Oui, dit-elle en rouvrant doucement les yeux et en posant son regard mêlé d’incompréhension et de tendresse sur le visage froid de Tooru.
- Tu sais Shizuka, un masque ça cache beaucoup de chose … sauf les yeux…
Sur ces paroles les yeux sans expressions de Tooru s’illuminèrent, il souriait, non pas de ses lèvres mais de ses yeux. Puis il s’écarta d’elle, ramassa ses affaires et parti.
La jeune lycéenne était resté presque bouche bée, retenant une larme, elle n’entendit même pas la déferlante de questions des filles autour d’elle, elle ne les voyait même pas. Elle n’en revenait pas, comment avait-il pu si bien lire dans ses yeux ? !
Elle reprit ses esprits quand elle sentit une main se poser sur son épaule, c'était Hana, elles avaient sympathisées pendant les cours de la matinée. Shizuka porta un regard autour d’elle pour s’apercevoir que tout le monde était entrain de partir.
- Tout le monde a semblé être étonné du baiser que Tooru t’a donné, on le connaît tous depuis quelque années, ils sont idiots, c'est le genre de chose qui ne peut pas étonner venant de lui. Elle se mit à rire pensant sûrement a d’autre aberrations qu'avait dû faire Tooru dans le passé, puis elle reprit, moi ce qui m’a étonné ça a été… elle fit un sourire a Shizuka, ça a été le sourire qu'il t’a fait.
Shizuka n’eut pas le temps de répondre, d’ailleurs elle n’aurait pas su quoi répondre, en partant rejoindre les autre Hana ajouta.
- Ça fait trois ans que je le connais et jamais je ne l’ai vu sourire à qui que ce soit …
Hana parti sur ses paroles laissant Shizuka à ses pensées, ou du moins à son étonnement, elle n’arrivait plus à penser à rien.
Les cours reprirent peu de temps après. Elle n’eut pas à croiser Tooru avant le premier cours, cela avait été un soulagement, elle n’aurait pas su quoi lui dire, elle n’aurait sûrement même pas pu le regarder. Celui-ci arriva en retard, il entra dans la salle et s’assit après avoir donné un mot au professeur, sans un regard à personne. Shizuka le regarda longuement, espérant un regard ou un signe mais au bout de cinq minutes elle oublia cela, se tournant vers la fenêtre elle repensa à tout les autres lycées, toutes les autres personnes avec qui elle avait sympathisées. Aucune… non vraiment aucune n’avait réellement su ce que cachait Shizuka, son masque était bien en place et le discours qui allait avec était tout ce qu'il y avait de plus travaillé, elle ne se laissait jamais trop emporté par son imagination pour ne pas paraître trop fausse. Elle souriait beaucoup, trop même avait dit certaines personnes mais jamais, même quand elle était resté plus de deux mois dans un lycée, jamais personne n’avait vu que ces sourire n’était qu'un masque, une façade pour ne pas montrer les larmes qui coulaient à chaque instant de ses yeux qu'elle avait plus de mal à rendre souriants.
Elle fut interrompu dans ses réflexions par son voisin de droite, il lui montra sa main qui dissimulait un petit mot, Shizuka jeta un œil sur le professeur tourné vers le tableau et tendit la main pour récupérer le bout de papier.
"Rendez-vous au petit parc derrière le lycée après les cours, j’aimerais voir ce qu'il y a sous ton masque" elle tourna rapidement sa tête vers Tooru qui tourna quelque peu la sienne sans trop regarder derrière, signe qu'il voulait se désigner comme l’auteur du mot. Shizuka le regarda un moment, sans trop d’expression autant dans ses yeux que sur son visage, elle ne savait que penser, que faire, elle n’était pourtant pas si perdue que ça, mais là, c'était le vide intense qui l’emplissait. Soudainement elle remarqua que Hana, qui était juste derrière Tooru, la regardait l’air de dire "eh ben, t’en fait une tête !", Shizuka prit conscience qu'elle avait cette expression qu'elle ne voulait montrer à personne et la changea immédiatement pour un sourire et un geste de la main disant qu'elle était dans les nuages. Hana répondit à son sourire et se replongea dans le cours qu'elle devait sans doute être l’une des rares à suivre.
La dernière heure de cours sonna et le stresse monta soudainement en Shizuka, elle mit ses affaires dans son sac et se tourna vers Tooru, qui, ayant préparé ses affaires pour partir depuis près de cinq minutes, s’en allait déjà.
Il aurait pu m’attendre au moins ! Je ne sais même pas où est ce parc !
Tooru parti trop vite pour que Shizuka puisse l’interpeller.
La nouvelle du lycée se perdit un peu, elle trouva finalement le parc un quart d’heure après la fin des cours. Quand elle y arriva elle constata qu'il n’y avait personne, merde ! il m’a pas… elle n’eut pas le temps de finir sa pensée quand une voix derrière elle l’appela.
- T’es en retard…
- Bah oui, fit-elle avec un ton un peu énervé, je suis nouvelle ici, je connais pas encore bien l’endroit !
- C'est pas grave t’inquiète, j’te taquinais ! Shizuka n’en revenait pas, on aurait dit qu'il avait un ton rieur, elle rougit un peu et s’efforça de reprendre son calme.
- Qu'est-ce que tu me veux ? lui dit-elle sans trop oser le regarder.
- Te donner une explication…
- Pour euh… elle rougit à nouveau, le baiser ?
- Oui, à moins que tu n’en veuille pas… ?
- Si ! si ! …je veux bien l’entendre !
Tooru dégagea d’un geste les mèches qui cachaient ses yeux, il regarda Shizuka et s’approcha d’elle.
- On a du te dire que je n’étais pas quelqu'un de très sociable, n’est-ce pas ?
Pensant à ce que Hana lui avait dit elle répondit
- Oui, en quelque sorte.
- Ça fait des années que je ne souris plus, et ne me demande pas pourquoi, je crois que même moi je l’ai oublié, s’approchant toujours d’elle il ajouta, toi tu souris tout le temps… Ça trompe tout le monde je crois. Ton masque à l’air bien attaché, on le remarque à peine, je t’en félicite…
Shizuka leva la tête presque fièrement, il avait été le seul à voir son jeu et d’un côté elle prenait ça comme une réussite qu'en trois ans il n’y ait eut que lui. Tooru n’avait pas interrompu son avancée, il était maintenant à moins d’un mètre de Shizuka qui sentit son cœur battre rapidement.
- Je ne te demande pas grand chose… on se ressemble toi et moi, j’aimerai que tu me montre ton vrai visage et moi… J’aimerais essayé de voir si je peux sourire à quelqu'un. Qu'est-ce que tu en dis ?
- En gros, dit-elle en bafouillant, tu me demandes de sortir avec toi pour que je te montre que je suis triste et pour que tu me montre que tu peux être heureux …C'est ça ?
- On peut dire ça comme ça en effet. Le cœur de Shizuka se serra, le visage de Tooru n’était qu'à quelque centimètre du sien. Tu peux refuser tu sais, dit-il encore en effleurant de ses lèvres le coin de la bouche de la jeune fille.
- C'est… Shizuka avait du mal à parler tellement son cœur battait vite, c'est un peu sadique comme relation…
- Pour moi… oui. Mais cela ne semblait pas le déranger.
- Je… veux bien essayé, j’aimerais bien te voir sourire.
La main de Tooru vint alors se poser sur la joue de la jeune fille rougissante, la caressa une seconde et ses lèvres vinrent alors se poser sur celle de Shizuka…
Ils rentrèrent ensemble, main dans la main, Shizuka racontant toute sorte de sottises, premièrement parce que quand elle était stressé elle ne pouvait s’empêcher de cela et secondement parce que… il fallait bien l’avouer, Tooru n’était pas un grand bavard, mais il semblait apprécier le fait qu'elle parle. Arrivés devant "chez elle" Tooru se rendit compte qu'il n’habitait vraiment pas loin, il lui demanda si dans la soirée elle voulait se promener un peu avec lui, elle déclina sont invitation disant que comme elle n’était qu'invitée ici elle ne voulait pas paraître malpolie en sortant le soir. Tooru accepta se refus sans demander d’explications, il lui demanda ensuite s’il pouvait la chercher le lendemain pour faire le chemin jusqu'au lycée ensemble. Elle hésita un petit moment puis fini par dire
- Tu veux voir mon vrai visage, tu ne le verras qu'à ce moment là… Donc oui, viens me chercher, mais vient tôt.
Ils fixèrent une heure et se séparèrent dans un timide baiser.
Tooru arriva à l’heure prévu, il n’attendit pas longtemps avant de voir Shizuka sortir. Elle fit deux pas, regarda le ciel, puis baissa la tête, elle semblait ne pas avoir vu l’adolescent presque devant elle, le regard vide, elle fit encore un pas puis vit enfin Tooru. Elle s’avança vers lui, ne lui adressa presque aucun regard, ne lui donna aucun baiser, elle prit seulement sa main et commença a avancer. Ils marchaient depuis plus de vingt minutes, le lycée était encore a un quart d’heure mais il était encore bien tôt pour y aller. Shizuka changea un peu de chemin, ils arrivèrent sur un pont, l’adolescente s’y arrêta, elle regarda le ciel serrant toujours la main froid de Tooru dans la sienne. Ils restèrent ainsi, immobiles, elle, les yeux dans les nuages naissant et lui, la regardant, regrettant un peu d’avoir voulut voir ce visage si triste. Quelque minutes passèrent et Tooru se rendit alors compte que la petite main chaude serrait la sienne de plus en plus, des larmes naissaient dans les yeux de Shizuka, elle essaya de les retenir un moment mais n’y parvint pas, elle éclata en sanglot et se blotti dans les bras de Tooru. Elle pleura longuement, dans un silence parfait puis elle releva la tête et vit le visage de Tooru qui, pour une fois, n’était pas froid mais inquiet. En séchant ses larmes elle lui fit un sourire.
- Je suis désolée, je ne voulais pas t’en faire voir autant mais … Voilà comment je fais pour tenir toute la journée avec mon masque.
Elle lui sourit sincèrement et s’approcha de lui pour échanger le premier baiser de la journée. Tooru la serra alors dans ses bras, le plus fort et le plus tendrement qu'il le pouvait, il se remémora alors les mots qu'elle lui avait dit c'est un peu sadique comme relation…, il ne s’en était pas rendue compte avant ce moment là, elle avait plus que raison, mais… un jour je répondrais à ses larmes avec un sourire, je la réconforterais et elle se sentira chez elle…dans mes bras.
Presque deux semaine passèrent, chaque jour la même scène et chaque jour le même masque. Mais pour lui elle l’enlevait quelque fois, elle lui souriait sincèrement aussi et lui… Elle voyait de rare fois cette lueur qu'elle avait vu lors de leur premier baiser.
Un matin elle sorti de la maison, les larmes aux yeux, Tooru se précipita vers elle pour la prendre dans ses bras mais il n’eut pas le temps d’arriver à elle qu'elle avait déjà repris son visage froid et vide d’émotions qu'elle avait tout les matins.
Ils atteignirent le pont dans un silence total puis ils stoppèrent mais au lieu de fixer le ciel comme elle le faisait à son habitude Shizuka se tourna vers Tooru.
Ses yeux toujours vide fixant ceux non moins vide du jeune homme, il se mit soudain à penser ça faisait longtemps que je ne m’étais pas regardé dans un miroir… regarde toi Tooru, elle est ton reflet exacte… c'est ça que tu lui montre chaque jours… Soudainement des larmes s’échappèrent des yeux du petit brun, Shizuka pris un air de surprise et d’inquiétude, elle essuya les larmes de Tooru de sa main. Le jeune homme pris alors cette main chaude, déposa un baiser sur celle-ci et fit ce que jamais Shizuka n’aurait espéré voir… un sourire. Elle avait une forte envie de le serrer dans ses bras pour le remercier de lui avoir montrer cette merveille, mais l’envie de profiter de ce sourire était plus forte et elle resta là à le contempler… si bien même qu'elle finit par le faire rougire. Elle éclata alors de rire et le serra finalement dans ses bras.
- Qu'est-ce qui se passe Shizuka ? finit par dire Tooru toujours enlacé par la jeune fille
- Je… je ne veux pas aller en cours aujourd’hui ! Ça te dis de sécher toute la journée ?
Tooru n’aimait pas trop le lycée comme tout adolescent qui se respecte, il lui répondit d’un ton rieur
- Bien sûr que ça me dit !
Il l’embrassa et partirent tout deux, sans but, ils se promenèrent toute la journée, se souriant sincèrement l’un l’autre, Shizuka le taquinait et s’étonnait de le voir tant de fois rougir. Il est si mignon quand il sourit, on dirait un enfant … je pourrais rester à vie devant son sourire… si je pouvais… Elle retint alors une larme qui voulait entacher son visage radieux. Elle ne lui dirait rien, elle ne voulait pas revoir les yeux de Tooru s’assombrir.
Le lendemain Tooru arriva toujours à la même heure, il attendit quelque minutes mais ne vit pas Shizuka sortir, il attendit encore, peut-être bien dix minutes, il ne savait pas, il était inquiet, il se décida alors à frapper à la porte. Un petit homme rondouillard vint lui ouvrir, Tooru se présenta et demanda si Shizuka était encore là.
- Elle est partie ce matin très tôt, dit l’homme d’un ton froid
- Partie ? demanda Tooru.
- Oui, reprit l’homme, elle est partie avec sa mère, je ne sais où mais le plus loin sera le mieux !
Tooru resta bouche bée alors que l’homme se pencha sur une petite table à côté de la porte, il y pris une lettre et la tendit au garçon.
- Tiens ! dit-il en tendant l’enveloppe, Shizuka m’a demandé de te donner ça.
Tooru prit la lettre et la fixa, il ne remarqua pas que l’homme disparut derrière la porte et la referma. Tooru resta planté là encore quelque minutes, tenant cette lettre, puis reprenant son visage froid et sans émotions il commença à partir.
Il s’arrêta sur le pont et se décida alors à ouvrir l’enveloppe.
"Bonjour Tooru,
J’espère que tu es sur le pont et que tu regarde ce magnifique ciel… Moi je serais sûrement entrain de le regarder quand tu liras ça, mais… Ce ne sera pas de ce pont mais d’une voiture sans doute.
Tu as du rencontrer mon grand oncle, le petit gros, je ne l’aime pas, je pense que tu as du comprendre pourquoi rien qu'en lui parlant deux secondes… Enfin bon ce n’est pas de ça que je voulais te parler.
Je suis partie… eh oui.
Mon père nous a quitté il y a 4 ans, depuis ma mère et moi nous parcourons tout le pays, nous somme hébergées chez des membres de la famille de ma mère, mais… Personne ne nous aime, cela je ne pourrais pas trop te l’expliquer, c'est une histoire qui date d’il y a longtemps, bref, nous n’y restons pas beaucoup à chaque fois et quand nous sommes chez des amis à ma mère nous partons toujours tout aussi vite car ma mère ne veut pas gêner.
Maintenant nous allons chez un autre oncle, mais de mon père cette fois, il veut bien que nous allions chez lui, il vit seul dans une grand maison, il a besoin de compagnie, il nous a un peu engueulé de ne pas lui avoir demander avant. Bref je crois que là-bas on va y resté un peu plus longtemps, si ce n’est pour très longtemps… Ça serait bien !
Voilà, maintenant tu sais pourquoi je portais un masque…
Merci Tooru, merci de tout cœur, pour m’avoir permise de montrer à quelqu'un ce qu'il y avait sous ce masque et merci aussi de m’avoir montré que tu pouvais sourire…
Je ne t’oublierai jamais Tooru…
Je te demande une chose… Pense à moi, et souris moi quelque fois encore, s'il te plait.
Puis un jour, quand tu auras trouvé quelqu'un à qui tu voudras sourire… Oublie-moi.
Adieu Tooru.
Shizuka"
Tooru se mit à pleurer sur la lettre, puis séchant ses larmes, il lui sourit…