Conte d’Arlequin
Il était une fois dans un pays merveilleux un petit garçon très malade. À sa naissance le médecin avait dit que c'était un enfant fragile et depuis sa maman l’avait protégé du mieux qu’elle le pouvait de tout ce qu'il y avait de mauvais dans le monde.
- Maman, dehors ça à l’air joli, pourquoi je peux pas y aller ? Demandait-il souvent et sa maman lui répétait toujours.
- Il y a le soleil de beau et tu as un soleil ici, lui disait-elle en lui montrant la lampe, il y a le ciel de beau, lui disait-elle en lui montrant le plafond peint d’un beau bleu, il y a les arbres de beau, et les oiseaux, l’herbe et les rivières, lui disait-elle en lui montrant le jardin qu'elle avait peint sur un mur. Tu sais, dehors, il y a de méchants oiseaux, il y a des rivières qui font peur, des arbres affreux, le soleil ne brille pas toujours et le ciel est parfois gris. Ici tu n’as jamais ça, ici tout est beau et en plus de ça, c'est ici que je suis. Tu ne voudrais pas d’un endroit où je ne suis pas, n’est-ce pas ?
- Non maman, je veux rester toujours près de toi.
La maman du petit garçon était heureuse car elle savait que son fils resterait toujours avec elle mais ce que le petit garçon ne lui avait jamais dit c'est que son rêve le plus cher était d’aller dehors jouer avec les trois petits garçons qui habitaient dans les deux maisons d’en face. Le petit garçon les regardait tout les jours, il se levait à la même heure qu’eux et les regardait partir à l’école, le soir il guettait leur retour et quand ils jouaient dehors, il était toujours à sa fenêtre. Il y en avait un aux cheveux bruns, un aux cheveux noirs et un plus petit, aux cheveux blonds, il était toujours avec celui aux cheveux noirs, ça devait être son frère.
Le petit garçon n’avait pas de frères, ni de sœurs, ni même d’amis, la seule personne qu'il voyait à part sa mère était un gentil docteur qui venait le voir souvent. Sa maman était rassurée dès que le docteur était là. Il donnait au garçon beaucoup de pilules mais le docteur avait fait promettre au petit garçon de ne jamais dire à sa maman que les pilules avaient bon goût, alors le petit garçon les prenait toujours en faisant la grimace, il était content de partager un secret avec le gentil docteur.
Un jour le docteur lui dit que la prochaine fois qu'il viendrait, il aurait une surprise pour lui, il en avait parlé avec sa maman et il avait réussit à la persuader que ça serait une bonne chose pour lui. Le petit garçon était heureux, peut-être que ça serait encore des pilules, il ne savait pas mais le docteur était quelqu'un de bien comme disait sa maman, alors sa surprise ne pouvait être que quelque chose de bon.
Trois jours passèrent, le docteur devait revenir aujourd’hui, le petit garçon était très impatient, il écoutait chaque bruit dans la maison en espérant reconnaître les pas du docteur dans l’escalier. Son impatience l’ayant gardé éveillé toute la nuit, il s’endormit rapidement alors que l’heure approchait. Il n’entendit pas la porte de la chambre s’ouvrire, quand il se réveilla, une personne était près de son lit, il crut d’abord que c'était sa maman mais cette personne était beaucoup plus petite. Quand il eut les yeux grand ouvert, il vu que c'était un petit garçon qui se tenait près de lui, il s’assit sur son lit et lui demanda.
- Tu es un rêve ? L’autre garçon lui répondit.
- Non. Je m’appelle Takeo, je suis venu avec mon grand-père, et toi, tu es qui ?
- Je suis Aiji. Ton grand-père c'est le docteur ?
- Oui, lui répondit l’autre garçon.
- Alors tu es ma surprise ? L’autre garçon se mit à rire.
- Oui, lui dit-il, on va être ami, toi et moi.
- Amis ? Lui demanda le petit garçon, ça veut dire quoi ?
- Ça veut dire que je vais venir te voir et qu'on jouera ensemble.
Le petit garçon était heureux, il n’avait jamais eu d’ami avait lui.
- Grand-père m’a dit que t’étais triste et que t’avais besoin d’un ami.
- Triste ?
- Tu ne sais pas ce que ça veut dire ?
- Non, lui répondit le petit garçon.
- Eh bien, c'est comme… tu vois, quand il y a une chose que tu veux mais que ta maman ne veut pas te la donner, ça te rend triste.
Le petit garçon comprit bien ce que "triste" voulait dire, sa maman ne voulait pas le laisser aller dehors jouer avec les trois petits garçons, ça lui faisait toujours mal aux cœur, c'était ça être triste.
Après cela, Takeo passa souvent quand son grand-père venait, il passait même quand sans que son grand-père ne soit là, le petit garçon était heureux, il ne pouvait toujours pas sortir mais quand Takeo était là, il oubliait qu'il était triste et rirait toujours.
Quelques années passèrent, le petit garçon avait grandit et était devenu un jeune homme, un très beau jeune homme, disait même sa mère, mais Aiji, lui, trouvait que Takeo était bien plus beau que lui. L’autre jeune homme passait voir Aiji presque tout les jours, il lui parlait toujours de ses journées, lui disait ce qu'il avait appris à son école, il voulait devenir docteur, alors il était dans une grande école pour apprendre à faire tout comme son grand-père. Aiji aimait bien écoutait Takeo parler, quand il ne comprenait pas quelque chose, Takeo lui expliquait toujours patiemment.
Un jour le gentil docteur n’était pas venu, comme à son habitude, Takeo était venu à sa place.
- Ton grand-père n’est pas là ? Lui demanda-t-il.
- Non, grand-père est mort.
Aiji savait bien ce que "mort" voulait dire, Takeo le lui avait déjà expliqué, il savait que ça voulait dire qu’il ne reverrait jamais le gentil docteur, Aiji se mit alors à pleurer, Takeo le prit dans ses bras.
- Ne pleure pas Aiji, grand-père est parti pour un monde meilleur, il est parti retrouver grand-père, il est heureux là où il est et il voudrait que tu sois heureux pour lui. Aiji sécha ses larmes.C'est vrai, tu ne me mens pas ?
- Promis, je ne t’ai jamais menti.
Aiji retrouva alors le sourire.
- Et qui va être mon docteur maintenant ?
- Moi, répondit Takeo, ta mère me l’a demandé et c'est ce que je voulais.
Aiji était heureux, cela voulait dire qu'il verrait encore plus souvent Takeo. Celui-ci prit les mains d’Aiji et le fixa d’un air sérieux, c'était la première fois qu'Aiji voyait Takeo comme ça, ça le fit rougir.
- Grand-père m’a demandé de te dire quelque chose Aiji.
- Quelle chose ? Lui demanda-t-il.
- Eh bien, reprit Takeo, il voulait que je te dise qu’en fait… tu n’es pas malade.
- Bien sûr que si, répondit Aiji en enlevant ses mains de celles de Takeo, maman me le répète toujours, je suis fragile.
- Ce n’est pas une maladie Aiji.
- Si, si maman le dit. Le pauvre Aiji ne pouvait pas en croire ses oreilles, il ne voulait pas croire que sa mère ait pu lui mentir.
- Tu as étudié avec moi la médecine, tu sais que ce n’est pas une maladie, et puis tu as bien vu tout ces années, tu es capable de faire autant de chose que moi et même plus de moi quelque fois. Ces pilules que te donnait grand-père, tu le sais, c'était des bonbons, moi aussi je t’en donnais. Ta mère croit que tu es fragile mais ce n’est pas vrai, mon grand-père le savait bien mais comme il ne voulait pas faire de peine à ta maman alors il a fait comme si tu l’étais.
- Non ! Pourquoi maman m’aurait menti ?
- Pour te protéger, mais elle en a fait de trop et elle t’a rendu triste.
Aiji était perdu, c'est vrai qu'il savait que les médicaments que lui donnait le docteur étaient des bonbons et il était aussi fort que Takeo bien souvent, et puis… Takeo ne lui avait jamais menti, il lui avait toujours dit la vérité même si elle n’était pas forcément belle. Takeo lui tendit sa main.
- Viens avec moi dehors, tu verras bien par toi-même que tu peux y aller, puis il y a ces trois garçons, ceux d’en face, je leur ai parlé de toi et ils veulent te rencontrer.
Aiji attrapa la main de Takeo, il ne comprenait pas bien pourquoi sa mère lui avait menti mais il voulait voir de ses yeux comment c'était dehors. Ils parcoururent ensemble la maison vide et Takeo ouvrit la porte de l’entrée, le soleil éblouit Aiji.
- Viens, lui dit simplement Takeo, il était devant la porte, dehors, le soleil tout autour de lui le faisait ressembler à un ange, c'était magnifique. Aiji fit les quelques pas qui le séparait de Takeo et il se retrouva enfin dehors.
Il fut émerveillé de voir comme le ciel était grand et ce soleil si loin qu'on aimerait pouvoir toucher, dans l’air il y avait des millions de parfums qu’il ne connaissait pas puis il y avait ces trois garçons.
- Je te présente Jun, c'était le garçon aux cheveux bruns, Kirito, celui aux cheveux noirs et Kohta, le frère de Kirito.
C'était une drôle de sensation pour Aiji, il venait seulement d’apprendre les prénoms de ces garçons pourtant il les connaissait bien, il avait grandi avec eux.
- Enfin on te rencontre, ça fait longtemps qu'on attendait ça, lui dit Kirito.
- Vous me connaissez ? Répondit Aiji surprit.
- Oui, en quelque sorte, reprit alors Jun, quand on était petit, nos mères nous on dit que dans cette maison il y avait un garçon qui ne pouvait pas sortir parce qu’il était malade et qu'il regardait souvent par la fenêtre.
- Alors on a décidé de toujours jouer sous ta fenêtre pour que tu puisses t’amuser avec nous, finit Kohta.
Aiji ne savait plus dire, jamais il ne se serait douté qu’ils aient pu faire ça pour lui, eux aussi étaient ses amis et il ne le savait même pas.
- Aiji, on va partir, lui dit alors Takeo.
- Partir ? Mais où ça ?
- Pas très loin, Jun, Kirito, Kohta et moi on va habiter ensemble dans une grande maison et je voudrais que tu viennes vivre avec nous, j’aimerais que tu viennes… avec moi.
Aiji n’eut pas le temps de répondre, sa mère qui était parti faire une course venait d’arriver et elle poussa un hurlement quand elle vit son fils dehors. Il se précipita vers elle et la serra dans ses bras.
- Maman, je vais bien ne t’en fait pas, je suis bien. Je sais que tu m’as menti, je sais que je ne suis pas malade, mais je sais aussi que tu as fais ça pour moi, tu voulais me protéger et je ne t’en veux pas maman. Il se détacha de son étreinte et lui fit un bisou. Je sais que tu as fait ça parce que tu m’aimes, il sécha les larmes de sa mère silencieuse et continua, maman, je vais partir, je vais habiter avec Takeo et mes amis, ils prendront soin de moi et moi d’eux et on viendra te voir souvent, tu ne seras pas seule maman. Il serra encore une fois sa mère dans ses bras puis partit rejoindre Takeo.
- Je viens avec toi Takeo, mais promets-moi une chose.
- Laquelle ? Lui demanda-t-il en prenant ses mains dans les siennes.
- Que jamais tu ne me laisseras.
Takeo s’approcha doucement d’Aiji et déposa un doux baiser sur ses lèvres, ils se séparèrent lentement et Takeo murmura.
- Jamais Aiji, je te le promets.
FIN
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